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1Monsieur, je vous escrivis du XXIII du passé, comme je men alloys à Liioons où le roy estoit
2allé, ce que jay faict. Ilz estoyent toutz allées à Rouan où ilz ne venoyent guières sesiourner pour sen
3revenyr à Bouloigne, ce que nous a occasioné, monsieur de Gouas et moy de nous en revenyr en ceste ville
4pour les attendre. Jespère quilz y seront pour toute ceste sepmaine. Le bruict est que le roy de Navvarre
5arrivera icy le quatre ou cinquiesme de ce moys. Incontinant après, lon ce résouldra du jourt des
6nopces. Quant aux nouvelles de Flandres, larmée du duc d’Albe et celle du prince d’Aurange ce préparent
7tant quil peuvent pour comparoyr lune devant laultre le plus toust quilz pourront metre leurs forces
8ensemble. Leurs magestés persistent en leurs dire quil ne veullent aulcunement rompre la paix avec
9le roy d’Espaigne. Ceus de la religion desireroyent bien que les choses ce passassent aultrement.
10Je larray ce propos pour vous dire que la reyne mère du roy ce pourmenat yert longuement avec
11dans le jardrin des Tuylleryes, seule avec monsieur lamiral. Ce pourmenoyr dura deus grosses heures.
12Comme ladite reyne mère du roy sen allast à sa salle pour soupper, monsieur lamiral ce retira. Ainsi
13que ladite reyne mère du roy estoit à table, elle mappella et me dit en mesmes termes que « estuilla
14qui estoit tantoust avec moy, nayme guières monsieur de Gordes ». Je luy fis responce quil navoit pas
15occasion de vous voulloyr mal et que sil ce plaignoit de vous que vous randoyes tousiours bon conte
16de voz actions à leurs magestés pour navoyr jamais execédé les commandementz et vollonté de leurs
17dites magestés. La dite reyne mère du roy ce print allors à rire, disant qu’il perdoyent bien leurs temps
18faire que de faire imprimer leurs dites magestés aultre opinion de vous que voz services et vertus
20leur tesmoignent. En fin, monsieur, je vous puis asseurer sur mon honneur, que ladite reyne mère du
21roy faict toutes les demonstrations quil luy est possible de vous volloyr aultant de bien quà seigneur
22de ce royaulme. Je vous asseure que toutz ceus qui vous appertienne ce prevauldront de laffection
23quelle vous a. Je remetray le surplus à vous en discourir par le menu à notre première vuee et pour éviter
24la prolixité, jai veu monsieur des Bains que ma dit laccort entre vous et monsieur d’Euriage. Pour navoir
25aultre chose à vous escrire, je salueray voz bonnes grâces par mes très humbles recommandations, priant
26Nostre Seigneur vous donner,
27Monsieur, très bonne santé longue et hereuse vye. A Parys, ce IIe de juillet
28Votre très humble filz et très hobeyssant serviteur à jamay.
29Hourches
30Monsieur le mareschal Damville me parle ourdinayrement de lamictyé quil
31vous porte et quil desireroyt infinement davoyr moyen de semployer pour
32vous et pour les votres.